Suite à la sanction très importante que Adrien Fourmaux a reçu au dernier rallye de Suède, les équipages du WRC ont vivement réagi. Pour rappel le pilote Hyundai a reçu une amende de 10000€ (+20000€ si récidive sous douze mois) suite à son langage « grossier » lors de l’interview au point stop de la Power Stage finale.
L’intégralité des équipages du WRC (pilotes et copilotes) ont donc décidé de créer un collectif : le WoRDA (World Rally Driver Alliance). En tant qu’acteurs principaux de la compétition, ce mouvement a pour but de préserver leurs droits et éviter les décisions unilatérales devenues de plus en plus fréquentes et lourdes. Ils ont expliqué notamment que l’adrénaline développée (face notamment à la pression médiatique, à la vitesse à bord des autos et aux risques encourus…) avait pour conséquence de les faire réagir quelque fois à chaud et sans filtre. Les règles concernant la retenue du langage voulues par la FIA s’en retrouvent ainsi compliquées à respecter.
L’objectif est de discuter, coopérer rapidement et plus facilement avec la FIA pour trouver des solutions moins aseptisées et radicales que des pluies d’amendes. Bien évidemment qu’il ne faut pas basculer dans un débordement incontrôlable mais les propos de Fourmaux n’étaient en aucun cas destinés à un autre pilote (ce n’était pas une agression verbale), mais il s’en prenait simplement à lui-même suite à son erreur de la veille.
Traduction en français du communiqué officiel repris par l’ensemble des pilotes ci-dessous :
DÉCLARATION DE L’ALLIANCE DES PILOTES DE RALLYE (WoRDA) CONCERNANT LA “MAUVAISE CONDUITE DES PILOTES”
Les pilotes et copilotes de WoRDA, inspirés par leurs collègues du GPDA, s’unissent pour exprimer leur opinion, chercher de la clarté et coopérer en vue d’un avenir meilleur.
Avant tout, nous souhaitons affirmer que, comme dans tout sport, les concurrents doivent respecter la décision de l’arbitre. Le respect de ce principe n’est pas remis en question.
Nous ne sommes pas tous des professionnels à plein temps, mais nous affrontons tous les mêmes conditions extrêmes avec la même passion inébranlable. Qu’il s’agisse de naviguer à travers des forêts denses, sur des routes gelées en pleine nuit ou dans la poussière des pistes de gravier les plus dangereuses, nous nous dépassons sans cesse – contre les éléments, contre la montre et contre nos propres limites.
Au-delà de la course, notre rôle a évolué. Aujourd’hui, les pilotes et copilotes de rallye ne sont plus seulement des athlètes, mais aussi des animateurs, des créateurs de contenu et des figures médiatiques permanentes. Des smartphones des spectateurs aux caméras officielles du WRC, nous sommes censés être disponibles en permanence – avant, pendant et après la compétition, du matin au soir.
WoRDA a toujours reconnu ses responsabilités et son engagement à collaborer de manière constructive avec toutes les parties prenantes, y compris le président de la FIA, afin de promouvoir et d’élever notre sport exceptionnel pour le bien de tous.
Cependant, ces derniers mois, il y a eu une augmentation alarmante de la sévérité des sanctions imposées pour des écarts de langage mineurs, isolés et involontaires. Ce niveau est devenu inacceptable.
Nous croyons fermement que :
• Un langage familier courant ne peut être considéré et jugé comme équivalent à une véritable insulte ou un acte d’agression.
• Les personnes dont ce n’est pas la langue maternelle peuvent utiliser ou répéter des termes sans en comprendre pleinement le sens et la connotation.
• Quelques secondes après un pic d’adrénaline extrême, il est irréaliste d’exiger un contrôle parfait et systématique des émotions.
Le rallye est extrême : niveau de risque pour les athlètes, intensité de la concentration, durée des journées… toutes les limites sont repoussées.
Dans un tel contexte, nous remettons en question la pertinence et la validité d’imposer tout type de sanction. De plus, les amendes exorbitantes sont largement disproportionnées par rapport aux revenus moyens et au budget dans le monde du rallye.
Nous nous inquiétons également de l’image publique que ces sommes excessives créent dans l’esprit des fans, laissant penser qu’il s’agit d’une industrie où l’argent est la seule priorité.
Cela soulève également une question fondamentale : où va l’argent de ces amendes ? Le manque de transparence ne fait qu’amplifier les préoccupations et saper la confiance dans le système.
Il est certain que les impressions négatives entourant ces sanctions dépassent largement l’impact de tout écart de langage.
Nous appelons à une communication directe et à un engagement entre le Président de la FIA et les membres de WoRDA afin de trouver une solution mutuellement acceptable et urgente.
Sportivement,
Les pilotes et copilotes membres de WoRDA
worda.contact@gmail.com
